Comprendre l’impact du Grand Découplage

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un ours en origami orange qui parle de visibilité de site web fait face à un phoque en origami orange qui constate une baisse du taux de clic

Définition du Grand Découplage ?

« The Great Decoupling  » en ancien elfique, si vous préférez.

Le « Grand Découplage » est un phénomène de plus en plus observé dans le domaine du SEO, marqué par un décalage significatif entre la visibilité d’un site web sur les moteurs de recherche et le nombre de clics qu’il reçoit effectivement. Si vous avez lu cette phrase, vous avez compris ce qui est découplé de quoi.

Historiquement, un bon positionnement dans les résultats de recherche assurait un afflux de visiteurs qualifiés. Or, cette corrélation directe tend à s’effriter. Avec l’émergence des systèmes de réponse directe comme les featured snippets, les PAA (People Also Ask), les panels d’information et, plus récemment, les réponses générées par l’intelligence artificielle (AI Overviews, SGE…), Google fournit désormais des réponses immédiates à l’utilisateur sans qu’il ait besoin de cliquer sur un lien.

Ce phénomène n’est pas anecdotique : il affecte profondément la manière dont les entreprises mesurent la performance de leur présence en ligne. Un contenu peut apparaître en première position, voire être cité dans une réponse IA, sans que cela ne se traduise par du trafic entrant. Ce décalage, ou « décorrélation », perturbe les repères traditionnels utilisés par les équipes marketing et les dirigeants. Comprendre ce concept est essentiel pour revoir les attentes, les indicateurs de performance, et surtout, repenser la stratégie de contenu en ligne à l’ère de la recherche assistée par IA.

Impact sur les indicateurs clés

Chez Les Vikings, on aime les KPI et le ROI. Donc l’impact est majeur. L’impact se fait particulièrement sentir sur les indicateurs de performance (KPI) habituellement utilisés en SEO. Le taux de clics (CTR), autrefois considéré comme un indicateur fiable de l’intérêt des utilisateurs pour une page, perd aujourd’hui de sa pertinence. Une page peut générer des milliers d’impressions sur Google sans générer de clics, simplement parce que la réponse visible dans l’extrait suffit à l’utilisateur. Dans certains cas, l’utilisateur ne voit même plus le besoin de visiter le site web original. Cela implique que des indicateurs comme le CTR ou même le volume de trafic organique doivent être interprétés avec précaution.

En 2024, 58,5 % des recherches effectuées sur Google se sont terminées sans que l’utilisateur ne clique sur aucun résultat.

Mais est-ce qu’une page qui n’est pas cliquée est qualitative car elle a fourni l’information cherchée sans besoin de clic ? Possible. 

Il devient donc crucial d’adopter de nouveaux indicateurs adaptés à cette réalité.
Par exemple, l’analyse du comportement des visiteurs (durée des sessions, taux de conversion, pages vues par session) devient plus utile pour mesurer l’engagement réel. En parallèle, il convient d’évaluer la part de visibilité captée par les éléments sans clics (zero-click) et d’examiner comment le contenu est repris ou reformulé par les outils d’IA. Ce changement de paradigme nécessite également de sensibiliser les dirigeants à ces nouveaux modèles d’analyse, afin qu’ils comprennent que la performance SEO ne se mesure plus uniquement à travers le volume de trafic, mais bien à travers la qualité de l’interaction avec la marque et son contenu.

Comment adapter sa stratégie SEO ?

Pour faire face à ce bouleversement, les stratégies SEO doivent évoluer en profondeur. L’un des premiers axes d’adaptation consiste à produire du contenu non plus uniquement optimisé pour le classement, mais surtout conçu pour répondre aux intentions précises des utilisateurs. Cela implique une compréhension fine du parcours de recherche, de la formulation des requêtes et des types de réponses attendues. Plutôt que de viser uniquement les « mots-clés », il devient essentiel de couvrir les thématiques dans leur globalité, en anticipant les questions sous-jacentes que se posent les internautes.

Les liens organiques sont désormais bien moins visibles car les utilisateurs trouvent des résumés synthétisés en haut de page.

En outre, intégrer des données structurées (schema.org, balises enrichies, FAQ, HowTo…) est désormais incontournable. Ces balises permettent aux moteurs de recherche – et à leurs IA – de mieux interpréter le contenu et de le présenter de façon utile dans les résultats enrichis. Il faut aussi explorer des formats adaptés à la recherche visuelle, vocale ou conversationnelle. Enfin, une stratégie de marque forte (EEAT – Experience, Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness) est un facteur différenciant dans un univers où les moteurs valorisent la crédibilité. En somme, il ne s’agit plus uniquement de séduire les algorithmes, mais d’inspirer confiance aux systèmes d’IA qui synthétisent le web pour leurs utilisateurs.

Communiquer efficacement 

La complexité de ces évolutions impose aux responsables marketing et SEO de mieux communiquer avec les dirigeants d’entreprise. Beaucoup d’entre eux s’attendent encore à voir des graphiques de trafic croissant ou des classements stables pour juger l’efficacité d’une stratégie SEO. Or, ces métriques seules ne suffisent plus. Il est crucial de leur faire comprendre que la valeur du SEO dépasse désormais le simple volume de visiteurs. Il faut leur expliquer que la marque peut gagner en autorité, en notoriété, ou même en acquisition indirecte via des systèmes IA qui n’envoient pas nécessairement de clics.

Pour ce faire, il faut repenser les reportings. Plutôt que de se focaliser uniquement sur le nombre de clics, on peut mettre en avant les positions dominantes dans les résultats enrichis, les mentions dans les réponses IA, les conversions assistées, et la place dans l’écosystème sémantique global. Il s’agit d’ouvrir un dialogue stratégique sur l’objectif réel du SEO : non pas générer du trafic à tout prix, mais renforcer la présence de la marque là où les décisions d’achat ou d’engagement se prennent désormais – dans l’interface même des moteurs de recherche, parfois sans clic. Expliquer cela de manière pédagogique est essentiel pour obtenir le soutien budgétaire et stratégique nécessaire.

La mauvaise nouvelle : un nouveau paradigme du référencement

Le Grand Découplage n’est pas un simple effet de bord passager : c’est un symptôme d’un changement fondamental dans la manière dont les utilisateurs interagissent avec l’information en ligne.

Entre mars et mai 2025, le trafic mensuel total vers les sites d’actualité depuis Google est passé de 2,3 milliards à 1,7 milliard de visites, soit une baisse de 26 %.

Les moteurs de recherche, dopés à l’IA, deviennent de plus en plus des agents conversationnels, synthétisant les contenus, orientant les décisions et parfois éliminant le besoin même de cliquer. Cela bouleverse les repères traditionnels des équipes SEO et exige une refonte des stratégies, des outils de mesure, et des modes de communication interne.

Loin de signer la fin du SEO, ce phénomène marque au contraire le début d’une nouvelle ère : celle de l’optimisation pour la visibilité implicite, la reconnaissance algorithmique et l’intégration dans les parcours IA-first. Les entreprises qui prendront le virage auront un avantage stratégique : elles seront perçues comme fiables, expertes et présentes dans les moments-clés de la recherche d’information. C’est pourquoi il est impératif d’évangéliser sur ce sujet dès aujourd’hui, d’investir dans une approche holistique du contenu, et de repenser les indicateurs de succès pour qu’ils reflètent réellement l’impact d’une stratégie SEO à l’ère de l’intelligence artificielle.

Kévin DECQ-CAILLET, Directeur associé

Co-fondateur du studio de développement Les Vikings, mon cœur est voué aux paradoxes. Amour de la technologie et de l'Histoire (de 793 à 1805), passion pour la gestion et le potager. Accessoirement, une expérience de plus de 15 ans dans le domaine du numérique. Ce qui implique que j'en sais assez pour reconnaître que j'ai tout à apprendre.